Why Can’t They Vote?

At the Volokh Conspiracy, Ilya Somin has a response to my post yesterday arguing that lowering the minimal voting age to 16 is a better way of redressing the exclusion of minors from the franchise than prof. Somin’s proposal to allow any minor to vote provided that he or she can past a test assessing knowledge of the political system. Prof. Somin is unpersuaded by argument that there is no good reason to treat minors differently than adults, for whom there is no requirement to prove knowledge of the political system in order to vote. He points out that my proposal, no less than his, discriminates on the basis of age. But age discrimination, bad as it is, is sometimes unavoidable. Better not to raise categorical barriers though, and let anyone prove his or her ability to exercise the franchise. True, we don’t expect adults to do so―but prof. Somin seems to suggest that this is something of a mistake, though it is too late to reverse it now, not least because “there is a big difference between using a test to expand the franchise to a group that has always been barred from it, and using it to take away voting rights from millions of people who have them now.”

I think that what drives the disagreement between us is that we have different views on what justifies the denial of a legal right to vote (note that I am only talking about the legal situation―prof. Somin makes the case, in a separate post, that there is something like a moral duty to abstain from voting on issues or candidates about which one is ignorant, and I agree with him on that). In prof. Somin’s view the key factor is political knowledge, and lack thereof. I think that the real issue is not so much knowledge as maturity and capacity for judgment.

It is true that minors are generally less knowledgeable about politics (and other things) than adults. But they are also, on average, less mature and less capable of responsible judgment, and the law recognizes this diminished capacity by making them, depending on their age, less criminally liable, incapable of entering into (certain kinds of) contracts, etc. At least in criminal cases, it is quite clear that the reason for the distinction made between minors and adults is not knowledge of the relevant facts, but capacity for judgment. I think that it is the reason for the other distinctions too. Note, too, that the one category of adults to whom we uncontroversially deny the franchise are those too mentally ill, too lacking in judgment and decision-making ability to be responsible for their own decisions; such people have guardians, just like children do. They need not be ignorant―but their judgment faculty is severely impaired.

Now, in those areas where―I think―the law makes distinctions on the basis of age that are grounded in maturity and capacity for judgment, it usually does so by drawing bright lines. One has to be, say, 16, in enter into a contract pursuant to which one undertakes to work full-time. (One partial exception is criminal law, where there is individualized assessment of a minor accused’s fitness to be judged or sentenced as an adult, but there too there is a bright-line minimum age.) It is a shortcut, because of course teenagers’ judgment and maturity at a given age can vary a lot. But we’re probably better off with a shortcut, because judgment is so difficult to gauge, much more so than knowledge, which is difficult enough. We still try to in cases where the consequences are really grave, as in the criminal context, and also for adults who are declared mentally incompetent. These cases have also the benefit of being relatively rare. But it wouldn’t be practicable for voting, which is likely to interest quite a few minors.

So, while I see prof. Somin’s objections, I still stand by my proposal to set the voting age at 16, rather than create a test of knowledge to evaluate which minors, regardless of their age, should be able to vote.

Si jeunesse pouvait

Je voudrais revenir, en cette journée post-électorale, sur un billet qu’Ilya Somin a publié hier sur Volokh Conspiracy. Prof. Somin y remet en question le déni du droit de vote à  « une part énorme de notre population: les enfants de moins de 18 ans » (je traduis). Selon lui, cette exclusion est « injuste et contre-productive », et il faudrait au moins penser à accorder le droit de vote aux mineurs qui ont une connaissance suffisante du système politique.

Prof. Somin souligne que, s’il est vrai que les mineurs ont, en moyenne, moins de connaissances que les adultes, en moyenne toujours, ce n’est pas le cas de tous. Il y a des mineurs qui en savent plus sur la politique que l’adulte moyen. Cet adulte moyen, du reste, est passablement ignorant, et on ne s’en formalise pas outre-mesure. Il en va de même pour les autres raisons invoquées pour refuser le droit de vote aux mineurs, tels que le manque d’expérience ou la susceptibilité d’être influencés par leurs parents: on n’exige pas que les adultes aient une certaine expérience de vie, ou qu’ils paient les impôts, ou qu’ils fassent preuve de suffisamment d’indépendance, pour les laisser voter. Et, puisque la politique affecte les mineurs, et que les décisions prises aujourd’hui, alors qu’ils sont exclus du droit de vote continueront à les affecter tout au cours de leur vie, ils devraient, comme nous tous, avoir leur mot à dire. Certes, l’administration d’un test équitable de connaissance du système politique pourrait poser problème, mais il faudrait au moins essayer.

Prof. Somin mentionne la baisse de l’âge du droit de vote à 16 ans en Argentine et à Brême, en Allemagne. Les jeunes de 16 ans auront aussi le droit de vote au référendum sur l’indépendance de l’Écosse en 2014. Au Québec, le PQ a adopté une proposition en ce sens l’hiver dernier, bien qu’il ne l’ait pas incluse dans son programme. Prof. Somin ne discute pas vraiment cette alternative à sa proposition de tester les connaissances des mineurs. Sa préférence semble être pour le test, sans âge minimal d’éligibilité.

Pour ma part, je pense que l’option du vote à 16 ans est préférable à celle d’un test. Au-delà problèmes d’administrabilité évoqués par prof. Somin, ce sont arguments qu’il apporte lui-même qui semblent militer contre l’instauration de tests pour les mineurs. S’il n’y a pas de bonne raison de traiter les jeunes différemment des adultes, et les arguments de prof. Somin pour dire qu’il n’y en a pas sont très convaincants, alors il est sûrement injuste d’instaurer un test pour les premiers mais pas pour les seconds. Si les connaissances du système politique devraient être un critère pour pouvoir voter, il n’y a pas de raison pour ne pas appliquer ce critère aux adultes. Une telle proposition ne serait peut-être pas folle, mais je crois qu’on la rejetterait, pour plusieurs raisons (sur le plan juridique en tout cas; sur le plan purement moral, il on peut soutenir, comme le fait d’ailleurs prof. Somin, qu’on ne devrait pas exercer son droit de vote si on manque de connaissances suffisantes). On permet aux les adultes ignorants de voter. On devrait le permettre aux jeunes aussi.

Par contre, on reconnaît généralement que les jeunes, en-deçà d’un certain âge, manquent de maturité pour exercer leur jugement. Cette idée se reflète dans le droit criminel et le droit civil, qui limitent de plusieurs façons la capacité des mineurs à encourir certaines responsabilités, et je pense qu’elle peut aussi se refléter dans la restriction du droit de vote. Cependant, à partir d’un certain âge, à plusieurs égards, le droit traite les mineurs comme les adultes. On a le droit de conclure un contrat de travail, par exemple, avant d’avoir 18 ans. Je pense qu’il devrait en être de même du droit de vote. À 16 ans, le droit juge les jeunes passablement matures―ils peuvent travailler, décider d’aller à l’école ou non, et même, dans certains cas, être traités comme des adultes par le système de justice pénale. Je serais donc pour qu’on accorde le droit de vote dès 16 ans. Plus tôt encore? J’ai mes doutes, mais un jeune peut travailler sans autorisation de ses parents, en dehors des heures de cours, dès 14 ans. Et s’il est assez vieux pour travailler et payer des impôts, n’est il pas assez vieux pour choisir ceux qui décident quoi en faire?